Une histoire pour les enfants et les grands enfants...
Sais tu pourquoi le mot vertige s'entend Vert Tige ?
Une vieille sorcière argonnaise racontait autrefois que dans les graines sommeillaient de minuscules petits êtres endormis de couleur verte. C'était il y a fort longtemps, à une époque ou la végétation n'était que mousse et très fines herbes ne dépassant pas le centimètre.
Mais un jour, alors que l'atmosphère changeait, de manière imperceptible jusqu'alors, et bien ce jour ci, tout semblait transformé. De l'air qui semblait plus léger en passant par les rayons du soleil qui se rependaient plus intensément, jusqu'aux parfums qui se laissaient hûmer plus profondément, plus rien n'était comme avant.
C'était ce jour là qu'avait choisi une petite graine pour quitter sa dormance et s'ouvrir à cette toute nouvelle gravité. Le petit argonnaute* ouvrait les yeux lorsque le germe se mit à trembler. Il fut emporté sur le bout de la tige qui s'élevait de plus en plus haut, de plus en plus vite.
"Oh!" L'argonnaute ne semblait pas préparé à aller aussi haut... Agrippé au bout de la tige, il se mit a ressentir ce qu'aucun autre n'avait encore ressenti jusque là sur Terre... Il fut pris de vertige !
Il sentait son âme valser, à gauche, puis à droite, puis encore à gauche, et son estomac s'était noué, son plexus s'était bloqué, et ses jambes s'étaient toutes ramollies. S'il n'avait pas été assis, il serait probablement tombé. Pour un si petit être, ayant vécu des temps immémoriaux au plus près du sol, ces centimètres représentaient un inconnu bien angoissant.
Mais l'argonnaute se souvint d'une chose ; il était cette graine, et donc, par principe, il faisait parti de cette Terre. Il reprit aussitôt ses esprits (et ce n'était pas trop tôt) et s'emplit à pleins poumons de cet air si léger qui lui chuchotait que rien n'était grave, et alors il sentit la brise le rafraîchir, il se laissa alors ressentir la chaleur du soleil sur ses joues et dans son cœur, puis il senti les parfumes herbacés l'animer.
Ainsi apaisé, il put entendre l'âme du monde lui chuchoter ; "déploie tes ailes !"
"Mes ailes ? Mais je n'ai pas d'ailes !" dit-il. Et à peine eut-il le temps d'y penser, qu'il sentit quelque chose pousser entre ses omoplates.
"Des ailes ? Oui ! J'ai des ailes !" L'argonnaute, émerveillé, contractait alors ses omoplates pour s'apercevoir que ses ailes toutes neuves réagissaient naturellement, comme l'auraient fait ses jambes ou ses bras.
Il était si heureux que la peur de tomber, la peur du vide et la peur de se blesser s'étaient évaporées, et voilà qu'il filait droit vers le ciel. Dans son envolée euphorique, il prit tout de même une seconde pour regarder en bas, et il vit qu'au bout de sa tige fraîchement abandonnée, une fleur à cinq pétales se dessinait. Il vit aussi, en regardant autour de lui, qu'il n'était pas le seul argonnaute à virevolter dans les airs. Quelques autres s'étaient élancés, quelques autres avaient, eux aussi, vaincu leur peur du vide.
C'est ainsi que quelques brins d'herbe s'étaient transformés en fleurs et c'est ainsi que quelques argonnautes s'étaient transformés en fées argonnautes.
*Argonnaute : petit être faisant parti du peuple de la Nature et vivant exclusivement en Argonne.
LUNAOH
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